Elle est blonde, d’un beau blond foncé et profond, avec des courbes rondes et suaves.
Objectivement, je n’ai rien à lui envier… Enfin, me semble-t-il.
Il faut croire que je ne lui suffis pas c’est tout.
C’est un constat dur et amer.
C’était juste une bonne copine à lui, au début. Enfin, c’est ce que j’ai cru. Comme une débutante.
Je voyais bien qu’il tenait à elle.
A vrai dire, je m’en méfiais un peu, quand même, parce que j’avais fleuré un certain rapprochement ; mais on ne veut jamais y croire véritablement. De son côté, il me rassurait : « c’est juste une amie… on se connaît depuis longtemps et puis, elle sait me comprendre ».
Cette relation a fini par me faire du mal, par NOUS faire du mal. C’est moi qui ai réalisé qu’elle prenait trop de place dans notre vie.
Pourtant j’avais beau retourner le problème dans tous les sens, je ne saisissais pas ce qu’elle avait de plus que moi ; ce qu’elle pouvait bien faire que je ne savais pas faire ; ce qu’elle lui apportait que je ne savais pas lui apporter.
Moi aussi, j’ai toujours été là. J’ai porté ses joies et ses peines. On a eu un enfant.
Il dit qu’elle lui fait du bien, que c’est la seule capable de soulager ses angoisses ; mais moi je vois bien qu’elle le rend malade et que c’est un tyran.
Elle lui fait du chantage dès qu’il s’absente un peu.
Alors il part la voir en cachette.
La maison est pleine de recoins pour leurs amours interdites. Je sens son parfum qui se disperse d’une pièce à l’autre ; quand il m’embrasse, c’est encore ses effluves qu’il me communique.
Elle n’arrête pas de lui dire qu’il a besoin d’elle. Et lui est capable de dilapider son salaire pour répondre à ses caprices et je ne sais pas trop quoi dire à ma banquière : comment avouer que l’on est une femme trompée?
J’ai découvert au fur et à mesure que leur relation était passionnée et qu’elle le tenait par tous les sens.
Il se cachait pour la voir mais une fois il l’a embrassée à pleine bouche dans la cuisine. Je les ai surpris. Il était honteux. Il a balbutié quelques mots incohérents et ridicules.
Je me trompais.
Ce n’était pas ce que je croyais.
J’ai exigé qu’il choisisse d’elle ou de moi, celle qui devait continuer à vivre avec lui. Je ne veux pas faire de ménage à trois sous mon toit.
Je me tais et je m’occupe, de mon fils et de mon conjoint. Elle prend l’homme et me rend un enfant désorienté. Elle prend le père et rend un infirme.
Elle n’est même pas capable de le rendre heureux cette pouffiasse. C’est le moins qu’elle pourrait faire avec ce qu’elle nous vole d’intimité.
Il a fini par me promettre de moins la voir.
Par amour pour notre enfant, pour moi.
Il a même arrêté de la voir pendant quelques temps et elle ne semblait pas lui manquer. J’ai pensé avec satisfaction qu’il avait enfin saisi que notre relation était plus forte que cette idylle.
La vérité, c’est que c’est une fine stratège. Elle finit toujours par le convaincre de le revenir en dévoilant ses talents de séductrice facile. En vérité, c’est qu’il est impuissant face à ses charmes : c’est une amante qui dépossède du libre-arbitre, du choix, de la volonté.
Je crois qu’il est sincère pourtant quand il me dit qu’il va la quitter.
Il sait qu’il ne pourra pas avoir les deux, elle et sa famille.
Je connais bien ce genre de maîtresse.
Mon père avait un peu la même, sauf qu’elle était blonde nordique avec un parfum anisé. Il a fini par la plaquer et ça fait dix ans qu’il ne l’a pas revue. En attendant, elle a tout détruit sur son passage.
Elle est revenue dans ma vie.
Sous une autre forme.
Elle a remis son manteau de dupe.
Elle revient me voler les hommes que j’aime.
Putain.